Crédit immobilier : la hausse des taux d’usure n’a pas amélioré la situation, bien au contraire !

Sans surprise pour la plupart des experts du secteur, la hausse des taux de l’usure du 1er octobre dernier n’a rien changé à la situation actuelle. Les banques en ont profité pour augmenter leurs taux. Décrocher un crédit immobilier reste lié à un apport conséquent.

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 Quand cela ne veut pas...

Les courtiers en crédits immobiliers criaient à cor et à cris pour une forte hausse des taux de l’usure. Une bien mauvaise idée ! Leur requête n’a pas aboutie, la revalorisation des seuils de l’usure au 1er octobre 2022 a été effectuée selon les règles en vigueur. Mais l’effet de cette hausse des seuils de l’usure est désastreux. Les banques ayant donc eu les coudées franches pour augmenter leurs taux de façon significative.

 Blocage en vue

« Comme nous l’avions annoncé au début du mois, le passage du taux d’usure de 2,57% à 3,05% pour les crédits de plus de 20 ans était en soi une bonne nouvelle, mais qui serait de courte durée. Nos craintes se confirment avec le retour de blocages sur le marché du financement », analyse Olivier Lendrevie, Président de CAFPI.

 Hausse des taux directeurs et donc des crédits immobiliers

Les obligations d’État ont pris plus de 260 points de base depuis le début de l’année. L’oat 10 ans a même clôturé à 2,94% vendredi 14 octobre. Et il ne faut pas perdre de vue que les banques se refinancent à des taux sensiblement plus élevés : plus de 4% actuellement sur les durées longues. « Ces contraintes de refinancement entraînent la hausse progressive des taux de crédit pratiqués par les banques », explique Olivier Lendrevie.
Après les relèvements des barèmes bancaires intervenus depuis le 1er octobre (de +0,30% à +0,40% selon les réseaux), les taux moyens actuellement disponibles sont de l’ordre de 2,15% sur 20 ans et 2,30% sur 25 ans. «  Si emprunter autour de 2% dans un contexte inflationniste reste une opportunité pour les porteurs de projet immobilier, nous ne sommes plus qu’à un relèvement de retrouver le même niveau de tensions liées au retard d’ajustement du taux d’usure qui avait exclu tant d’emprunteurs au troisième trimestre. Et sauf réforme, il faudra tenir ainsi jusqu’au 1er janvier », ajoute-t-il.

 Données Banque de France et Crédit Logement

Il y a quelques semaines, la Banque de France (BdF) annonçait un taux de crédit moyen à 1,58% pour le mois d’août quand Crédit Logement affichait 1,82% pour ce même taux. « Si l’on décale les chiffres Banque de France de 2 mois vers la gauche (en d’autres termes vers le passé), on retrouve 2 courbes qui concordent parfaitement », note Olivier Lendrevie. Une démonstration visuelle simple des effets retards des statistiques de la Banque de France qui brouillent à la fois sa lecture du marché et la détermination mathématique du taux d’usure.
Crédit Logement a par ailleurs récemment communiqué sur une forte baisse de la production, avec -27,7% de prêts accordés au 3ème trimestre 2022 par rapport au 3ème trimestre 2021. Un discours, une nouvelle fois, dissonant avec celui de la Banque de France.